Rosie et Rica

Aujourd’hui, ce n’est pas une belle histoire que je vais vous raconter. C’est probablement un des pires cas que j’ai rencontré en plus de 7 ans de protection animale et cet événement marque un tournant dans l’histoire de l’association: nous ne souhaitons plus continuer nos actions dans de telles conditions. Nous allons donc réfléchir très sérieusement à l’avenir (ou non) de notre association. 

 

Voici l’histoire de Rosie et Rica: 

Nous avons été appelées en mai 2020 par les services sociaux pour agir auprès d’une personne âgée, atteinte du syndrome de Noé et de Diogène (accumulation  d’animaux et de tout plein d’autres choses, dont des ordures). 19 chats étaient présents, se reproduisant entres eux. Lors de notre dernière intervention, le 15 juillet 2020, nous avons découvert Rosie et Rica. Elles sont les deux plus jeunes, environ un mois, que nous avons pu sortir vivantes de cet enfer ( les 2 plus petits qu’elles sont morts dans nos mains.) Elles étaient minuscules, planquées sous une armoire. Nous avons rampé dans les déjections et autres immondices pour les attraper. Leur pronostic n’était pas très bon, mais après un mois de soins et biberonnage intensif, elles se sont remises et nous avons pu les placer en famille d’accueil sociabilisation puis les proposer à l’adoption. 

Nous avons reçu plusieurs demandes d’adoption pour elles, malheureusement, malgré toutes nos précautions (entretien téléphonique, prévisite, rencontre et seulement après tout cela adoption) , nous avons choisi le mauvais dossier. Je précise qu’à chaque étape, y compris dans l’annonce les proposant à l’adoption, nous avons précisé que les petites étaient fragiles: les conditions dans lesquelles nous les avons trouvées favorisaient de nombreuses maladies qui pourraient se déclarer et  la consanguinité n’aiderait pas. Elles ont été adoptées le 11/09/2020, à 3 mois. 

 

Le jeune couple choisi pour les adopter était bien sous tout rapport: stable, gentil, calme et doux, soucieux du bien-être des animaux, avec des métiers en devenir stables, dans la santé humaine. L’environnement était adapté, sécurisé. Et pourtant… 

Le 29/07/2021, lors du suivi de nos adoptés (nous demandons des nouvelles des chats de l’association tous les 6 mois), le couple nous signifie que, contrairement à l’engagement pris en signant le contrat d’adoption, ils ne souhaitaient plus nous donner de nouvelles du tout de Rosie et Rica et que nous ne devions plus en demander. Ce premier revirement nous a choquées, et malgré le rappel de leur engagement avec copie du contrat et notre insistance, ils ont refusé de changer d’avis. 

 

Puis, le 13/12/2022, je reçois un appel du monsieur. J’ai été évidemment très surprise… Et inquiète. J’avais bien raison. Après 2 ans et 4 mois d’adoption, ils ont décidé de rendre les petites à l’association. 

Pourquoi? Une maladie, le calicivirus, s’est déclarée (tous les chats de l’appartement où elles ont été attrapées l’ont développé, cela n’a posé de soucis pour aucun autre adoptant, puisqu’ils avaient été avisés eux aussi.). C’était bien évidemment de notre faute, et nous ne leur avions pas dit. Devant la preuve que si, et que dans le cas où nous aurions omi de le faire, lorsqu’on adopte, on est responsable de son animal et on doit le soigner des maladies qui se déclenchent (nous ne pouvons garantir qu’un animal ne développera jamais de maladies jusqu’à sa mort, ou jusqu’à quel âge il vivra, nous ne sommes pas voyantes…) et que cette maladie ne fait absolument pas partie des vices rédhibitoires pouvant annuler l’adoption,  surtout 2 ans et 4 mois plus tard, leur version a changé. 

La maladie était trop dure à gérer mentalement, et c’était trop cher.  Ils ont précisé que ce n’était pas un problème de moyens, mais que cela leur paraissait un investissement déraisonnable juste pour deux chats. Nous avons à l’occasion de cet appel conseillé un bilan via le spécialiste du calicivirus et plusieurs compléments alimentaires pouvant aider les chattes à lutter contre cette maladie. Le bilan a été fait (c’était la condition pour que nous les reprenions), mais les soins urgents et nécessaires établis par ce bilan et les compléments alimentaires recommandés n’ont pas été donnés. 

 

N’ayant pas de places en accueil à ce moment là, nous avons proposé plusieurs solutions:

- que les petites passent sous notre nom afin que les soins et opérations puissent être faits le plus tôt possible à nos frais,

- ou bien qu’elles restent sous leur nom, que les soins commencent et que nous rembourserions toutes les factures une fois qu’elles seraient sous l’association.

Ces solutions ont été rejetées, en annulant les opérations prévues le 23/01/2023 la veille pour le lendemain, à 23h30, sans aucune considération pour le chirurgien, la clinique ou l’association, sous un prétexte fallacieux. 

La conversation téléphonique avec le monsieur ce jour là l’a prouvé. Ils ne voulaient tout simplement pas avancer les frais, et ne voulaient pas passer les petites à notre nom car il fallait acquitter les frais d’abandon: «  on ne paiera que lorsqu’on sera sûr d’être débarassés d’elles ».

Devant mon abassourdissement et mes tentatives de conciliation pour que les chattes soient soignées et soulagées au plus vite( proposition de régler les frais d’abandons directement au vétérinaire si cela pouvait les rassurer ou les passer sous l’asso et signer un contrat de famille d’accueil à durée déterminée…), je n’ai eu en retour qu’insultes et mépris: «  folle, hystérique, besoin de me faire soigner… etc ». 

De ce jour, je refusais de traiter avec monsieur et n’ai parlé plus qu’à la dame. Heureusement, c’était elle la propriétaire légale de Rosie et Rica. 

 

Nous avons finalement trouvé un accueil pour Rosie et Rica. Clara pouvait les prendre à partir du 20/02 chez elle. Un énorme merci à elle. 

Nous les avons avisé, et le rendez-vous a été pris. Les soins attendraient cette date là, même les simples compléments alimentaires qui auraient pu les aider à lutter contre la maladie, à notre grand désespoir…

 

Nous voilà le 20/02. Ils sont bien au rendez-vous. La dame nous donne les petites, le matériel convenu, mais réclame à récupérer la caisse de transport qui devait pourtant être données avec les petites. Nous refusons, nous en avons besoin pour les mener en urgence chez le vétérinaire dès le lendemain. A travers la cage, je vois qu’elles ne vont pas fort, mais je ne m’attarde pas, je les examinerai plus tard au calme, lorsque les cédants seront partis. 

Nous montons les petites, et récupérons le matériel convenu, ainsi que les frais d’abandon. Nous signons les papiers. Une fois tout cela fait, la dame demande à dire au revoir une dernière fois aux petites. Elle pleure depuis qu’elle est arrivée. Une des bénévoles présente avec moi refuse. La famille d’accueil appuie en disant que l’on pensait que c’était fait. Moi j’ai pitié, sans doute trop d’empathie ou trop naïve, je demande à ce qu’on la laisse dire au revoir encore une fois. Je le regrette maintenant. 

Ils partent, et nous installons les petites. Dire qu’elles ne vont pas fort est loin de la réalité. Les photos prises le soir même en témoignent. Elles sont amaigries, pleine de pus, les gueules ensanglantées par les ulcères, et l’inflammation. Elles sont dans un état terrible, pire que celui de chats de rue. L’association amie à qui j’envoie les photos n’y crois pas. 

Nous connaissons bien le calicivirus, personnellement 2 de mes chats en sont atteints. D’autres de l’association l’ont, des adoptés comme d’autres en famille d’accueil. Papy Mignon, chat de la rue, est arrivé agonisant de cette maladie. Il était pourtant moins mal en point que Rosie et Rica aujourd’hui. 

Elles ont vu le vétérinaire le lendemain en urgence pour des injections, pour espérer les faire tenir jusqu’aux opérations, prévues le 1er et le 8/03. Elles sont gavées avec de la pâtée recovery.  Malgré cela, nous sommes toujours inquiètes, elles ont donc revus le vétérinaire aujourd’hui, qui a refait des injections et redonner un traitement. 

Bilan: 

- Leurs gueules sont pleine d’ulcères, de sang, de pus. Elles souffrent. 

- Elles sont très amaigries: l’une des deux ne fait que 2,2kg! 

- L’autre souffre d’un souffle au coeur, il faudra lui faire une échographie en plus de l’opération déjà prévu. Souffle au coeur qui aurait dû être détecté bien plus tôt… 

- Toutes deux auront besoin d’un bilan sanguin en plus de tous les frais déjà énoncés dans la cagnotte: leur urine est très diluée et vu leur amaigrissement, nous soupçonnons des anémies. 

- Leur pronostic vital est engagé

 

Elles sont là depuis quelques jours, et nous sommes déjà à environ 300 euros de frais en plus de ce qui était prévu, si elles avaient été opérées en temps et en heure comme prévu. Sans compter la souffrance qu’elles ont enduré (et endurent) inutilement. 

A ces 300 euros, on peut ajouter les deux bilans sanguins complets, et l’échographie. Les frais ne se montent plus à 2500 euros, mais à au moins 700 de plus donc 3200 minimum! Toujours sans compter la nourriture médicalisée, qui coûte très chère également. 

Nous assumerons, évidemment, à la place de leurs adoptants, qui se sont montrés particulièrement négligents et désinvoltes face à la souffrance de leurs animaux. 

Négligence ayant démarré dès le deuxième mois d'adoption: les rappels de vaccins n'ayant jamais été  fait. Ils sont pourtant tellement importants pour tous les chats, et particulièrement pour cette maladie.... 



Si vous souhaitez nous aider et assumer avec nous à la place de ces gens, voici la cagnotte: https://www.leetchi.com/c/rosie-et-rica

 

Un énorme merci à tous pour votre soutien, vos partages, votre aide… 

Nous avons besoin de vous, ne serait-ce qu’un mot gentil pour traverser cette épreuve nous réconfortera.